Rien n'allait cette semaine, en dehors peut-être des cours de chant et de danse. Je faisais tout de travers, je me prenais la tête avec tout le monde pour des raisons totalement futiles, pour des détails. Je ne savais pas ce que j'avais, mais il fallait que je me reprenne. J'avais donc décidé de faire quelque chose de totalement proscrit, à savoir aller à Broadway. Or je n'avais pas le droit, je ne travaillais pas là bas, je n'avais techniquement aucune excuse pour m'y rendre, mais qu'importe. J'étais sûre qu'une fois là bas, je verrais les choses de manière plus claires, et que je pourrais me vider l'esprit. J'attrapais alors ma veste et descendis pour tomber nez à nez avec une averse, et pas des plus petites. J'aimais la pluie, toutefois je ne me sentais pas d'aller depuis chez moi, au beau milieu du Queens, jusqu'à Manhattan, à pied. Une fois arrivée, je serais bonne à essorer plus qu'autre chose, ce n'était pas un bon plan, et même un parapluie ne parviendrait pas à régler le problème. Je n'avais pas le choix, si je voulais y aller, je devrais prendre ma voiture. Un peu en proie à de la panique, je remontais et pris mes clefs de voiture avant de redescendre et de monter rapidement. Au moins j'étais au sec... Ce n'était pas la première fois que je prenais le volant, j'avais bien été contrainte de conduire à maintes reprises afin de sauvegarder les apparences, car je ne voulais pas que quiconque sache à quoi j'étais phobique. D'une main tremblante, je mis le contact, et sursautais violemment en entendant la radio s'allumer. J'étais idiote, sursauter pour cela était stupide. Aussi étrange que cela puisse paraître, la radio m'aidait un peu à me détendre, du moins parfois. Mais là, elle me stressait plus qu'autre chose. Je l'arrêtais donc, mis ma ceinture de sécurité, et démarrais, pas très sûre de moi. Mon coeur battait plus vite que si je venais de courir non stop sur plusieurs kilomètres, je devais faire appel à toute ma concentration pour ne pas faire une connerie. Je parvins à rouler sans trop de difficulté jusqu'à la sortie du Queens, et m'engageais prudemment sur la route pour Manhattan, direction Broadway. Sauf que je n'eus pas l'opportunité d'arriver à destination : une voiture me doubla, se remettant de suite devant moi, et par réflexe, je déviais afin d'éviter de lui rentrer dedans. Manque de chance, je rentrais dans une autre voiture, me fit rentrer dedans également. Le tout ce passa très vite. Ma voiture fini par aller entrer violemment dans un poteau, et je me cognais violemment la tête contre la vitre, vitre qui se brisa par ailleurs. Je paniquais, mais pas tant pour ma situation que pour celle de ceux que j'avais involontairement fait entré dans cet accident par la faute de ce conducteur imprudent et trop pressé. Je tentais d'ouvrir ma portière, mais sans grand succès, elle était coincée. Une douleur fulgurante se fit sentir au niveau de mon bras, je retins un cri de douleur et me laissais tomber contre le dos de mon siège, fermant les yeux. Je sentis un liquide chaud couler le long de ma joue, je devais probablement saigner, mais pire encore j'avais des éclat de verre dans ma blessure. Pourquoi n'avoir que frôler la mort encore une fois, je n'en savais rien. Jamais deux sans trois à ce qu'on dit. La quatrième fois peut-être...

J'avais donc fermer les yeux quelques instants, hésitant entre rester là en espérant que personne ne me remarque et me laisse mourir ou tenter quelque chose pour sortir de là. Mais lorsque je rouvrais les yeux, je me trouvais nez à nez avec une jeune fille qui ne m'étais pas entièrement inconnue, elle était passé par le pare-brise.
-Salut, je vais t'aider, ne bouges surtout pas. Ne fais aucun effort, je m'occupes de tout, essaies de ne pas trop être paniqué.
Oh me concernant je ne paniquais pas, pas du tout même. Je me fichais complètement de ce qui pouvais m'être arriver.
-Salut... Heu non, t'en fais pas pour moi, je vais bien, mais je sais pas si c'est le cas pour la voiture que j'ai emboutis... va t'occuper d'eux plutôt..
Je lui souris, c'est vrai que là, mon mensonge n'était peut-être pas vraiment très crédible dans l'état où j'étais, en sang et tout. Mais je suis comme ça, je ne veux pas que l'on s'inquiète pour moi. J'essayais de détacher ma ceinture, j'y parvins par ailleurs, mais c'était une mauvaise idée dans ma mesure où elle alla frôler mon bras qui me faisait déjà souffrir. Je serrais les dents, ne voulant pas laisser sortir un cri de douleur. Je fini par regarder mon bras, il était couvert de sang et plusieurs morceaux de verre en sortait. Dégoutant. Je regardais la fille qui ne semblait pas avoir bouger.
-Va t'occuper des autres je te dis. Et évite de regarder ce que je vais faire, ça ne risque pas d'être beau à voir..
Sur ces paroles, je pris d'une main tremblante le premier morceau de verre que je retirais d'un coup sec, laissant échapper un petit cri de douleur. Du sang coula de ma blessure, bof, je n'étais plus à ça près... Je continuais d'enlever les morceaux, faisant abstraction de la douleur, j'avais la désagréable sensation que j'avais des éclats de verre dans mes blessures... beurk. N'ayant rien pour couper l’hémorragie au niveau de mon bras, je tentais de la stopper avec ma main valide. A part me faire plus mal encore, je n'y parvins pas.

La jeune fille semblant aussi têtue que je l'étais moi même, ne s'en alla pas et décida de m'aider envers et contre tout.
-Je n'irai pas aider les autres. Ils arrivent alors je vais t'aider, je ne t'abandonnerai pas.
Je souris légèrement, me demandant tout de même pourquoi moi plutôt que d'autre. M'enfin, qu'importe, ce qu'elle faisait partait d'une bonne intention, on ne pouvait pas l'en blâmer. Une fois sortie de la voiture donc, je m'étais évertuée à enlever les morceaux de verre, faisant peut-être pire que mieux, je ne sais pas trop à vrai dire, mais les laissés le temps qu'un ambulancier s'occupe de moi aurait été pire encore, imaginez un peu, un faux mouvement et je risquais de les enfoncés encore plus. Je vis que la jeune fille qui voulait m'aider semblait encore plus mal, je la regardais, désolée. Cette dernière fouilla dans son sac et en sorti ce qui devait probablement être un tablier et s'en servi comme d'un bandage, l'air toujours aussi mal. J'allais la remercier lorsque j'entendis les ambulanciers, et une femme criant et pleurant après son fils, ce qui sembla affecter la jeune femme à côté de moi puisqu'elle pleura.
-Hey, c'est pas de ta faute... se serait plutôt la mienne.
Je ne voulais pas qu'elle se sente coupable, or c'était précisément ce dont j'avais l'impression. Mais même si elle m'avait écouté, elle n'aurait rien pu faire pour ce pauvre garçon, avec la meilleure volonté du monde. Puis quelqu'un vint vers nous et s'occupa de mon bras et de ma tête. N'ayant d'autre choix je les laissais faire tendis qu'il interrogeait la jeune femme qui était venu m'aider. On voulu m'emmener à l'hospital, parce que j'aurai perdu trop de sang et que j'avais besoin, outre d'une transfusion, de plusieurs points de suture, je refusais. Visiblement je n'avais tout simplement pas le choix, puisqu'ils ne tinrent pas rigueur de ce que je leur avait dis.

La jeune femme me regarda l'air de dire qu'un enfant ne méritait pas cela. Elle avait raison, mais la vie est injuste. Les innocents sont victimes des pires choses, et ceux qui créent impunément le mal s'en tire comme une fleur. C'est ainsi, on ne peut rien y changer.
-Ce n'est pas plus de ta faute, c'est l'homme qui était en avant de toi.
Je baissais la tête, ne répondant pas. Peut-être était-ce de ma faute, peut-être que non. Dans tous les cas, pourquoi me sentais-je coupable dans ce cas ?
Une fois dans l'ambulance, un lourd silence se forma, silence que je ne cherchais pas à rompre. J'avais mal, je me sentais faible, chose que je détestais, et je devais user de toute ma concentration pour continuer mon numéro de " je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi ". C'est peut-être idiot, mais c'est ainsi, je suis quelqu'un qui aime rester dans son coin, sans se faire remarqué, et qui préfère gérer seule les problèmes, sans que d'autres s'inquiètent. Mais au final, je n'eus pas à rompre ce silence, la jeune demoiselle qui m'était venue en aide s'en chargea.
-Je suis Liz, Liz Bicock.
Avant que je puisse répondre, l'ambulancier nous informa de notre arrivée imminente à l'hospital. Je hochais la tête et reportais mon attention sur Liz.
-Enchantée Liz, moi c'est Phoebe Parker.
Je souris et la regardais.
-Tu ne serais pas à la Nyada par hasard ?
L'ambulance s'arrêta, on nous fit descendre, direction les urgences.