emma eden-june fabregas

Autour de moi, tout le monde s’activaient, se donnait des ordres. Moi, je n’y faisais pas attention. Je ne voyait qu’une chose. Cette chose, c’était la maternité, mais évidemment, je ne m’en souviens plus. Il faut dire que là, c’était fort. On m’avait dit des mots comme Bouh, Bah ! Emma, Oh, è una ragazza! Mais curieusement, je n’avais pas était capable de ressentir la moindre bouffée de joie. Tout le monde était persuadé que j’étais heureuse, mais je n'étais qu'un bébé. Comme toute les petites filles qui naissent, en fait. Mais moi, j’avais très vite compris que je n’était pas comme les autres petites filles. La plupart sautaient dans les bras de leur père, se lovaient dans ceux de leur mère.
Moi non.
Mes parents, j’éprouvais un malin plaisir à les faire tourner en bourrique. Dès mon plus jeune âge, je n’avais ressenti que du mépris pour ces deux faibles personnes. Ils voulaient m’aimer, me cajoler. Mais ils étaient manifestement tombés sur la mauvaise personne. Peut-être. Je m’en fiche. Est-ce parce que cela me satisfaisait lorsque je trouvait ma propre mère en train de pleurer à cause de sa fille indigne ? Lorsqu’elle craquait, en général, j’en rajoutait. Je me penchait à son oreilles et lui murmurait : « Vedete, cara mamma, so che vuoi un po 'di me nel mondo. Per andrete pazzi, poco a poco, e un giorno ti oscillare al primo piano. Passato l'odio, vi chiederete come si può aver ucciso la figlia e si potrà sperimentare tutto il disgusto per se stessi. Mi sento lo stesso per voi. » Oui, je sais, je suis cruelle, malade peut-être. Un monstre, sûrement. Et je détestais mes parents ? Plus que tout.
J’ai dix huit ans. Mais je réfléchit comme une adulte mure. Je suis surdouée, en fait. Et cela me plait, d’être différente. D’être supérieur aux autres. Lorsque j’allais au collège, je ne faisait pas attention aux cours des professeurs. Non, c’ était trop facile. Moi, j’étudiais l'art, le théâtre, le dessin. Après sept ans à rester assise en silence dans mon coin, je suis passée à l’offensive. C’était délectant que de voir des adultes piquer une crise de nerfs à cause d’une enfant de douze ans, avant que l'on m'envoie en Amérique.
Après quelques mois, on décida que ç’en était trop, et l’on me plaça dans une famille d’accueil, pour enfant difficile. J’étais ravie. Mon travail avait porté ses fruits.
Sept ans à m’acharner sur mes parents avait suffit pour qu’ils décident de foutre le feu à la maison. En moins d’un an, deux profs ont fait une dépression. J’étais douée, très douée.
J’arrivais donc à Phoenix, pensant quitter le continent, aller en France, en Grèce ou pourquoi pas en Autriche, évaluant le potentiel de mes camarades. Hmm, pas terrible. La plupart étaient des enfants naïfs qui vivaient leur vie comme d'habitude. Moi, au contraire, je souriait cruellement, plissait les yeux, et attaquait l’esprit. J’étais un serpent. Je m’était vite forgée une réputation, au collège, m’attirant la protection physique des élèves les plus important. C’est ainsi que j’ai connu les élèves qui ont menés ma vie et qui m'ont fait un enfer. Je m’était longuement questionnée, à ce sujet-là. Avec qui allais-je pouvoir m’amuser ? Puis, très vite, je m’aperçus que ce nouvel endroit n’avait pas que des mauvais côtés. J’avais plutôt l’impression que ce pouvoir de puissance était enfoui depuis longtemps au fond de moi. Croyez vous vraiment, que j’aurais pu être médiocre et perfide toute ma vie? J'ai arrêtée, sortant de cet enfer, et puis je suis rentrer au lycée, devenant sage et correcte, du moins le plus possible. Me disant qu'être gentille, c'est pas terrible, puis je me suis cassée de cette ville pour aller dans le fabuleux Queen's, New York, ma nouvelle famille, mon frère et moi.