« Froide, Froide était la nuit d'un rude hiver Russe. Noir, Noir était le ciel dépourvu d'étoiles qui normalement surplombaient nos têtes et brillaient telles des lanternes. Le silence. Juste du silence. Et de la tension aussi, Oh oui, beaucoup de tension. La raison ? Une dispute, quelconque, habituelle et surtout temporaire. Celle qui déchire votre couple un laps de temps et qui ensuite le renforce des années. Tient, elle vient d'allumer la radio. L'ambiance devenait trop lourde pour elle. Je la connaissais. Un sourire esquissa mes lèvres, elle allait craquer et s'excuser. Cela se passait toujours comme ça ! J'écoutais la musique. Entraînante. Captivante. Les américains savaient y faire pour nous faire bouger.
Je plissais les yeux, le brouillard était épais. Je ralentis. J'avance doucement. Prudemment. Je sentis son regard se poser sur moi. Un regard de remord, d'excuse. Doux, oui très doux et amoureux fut mon regard envers elle. Elle sourit. J'en fis de même. Je lui murmurais "Je t'aime". Ces mots, si court, si beau, sont tellement dur à prononcer qu'à chaque fois que je les dis, je vois ses yeux pétiller. Reconcentre toi sur la route. Mes phares dansaient sur le brouillard. Une danse tribale, comme si la lumière était en transe. Une main vint serrer ma cuisse. Une main tremblante. Elle n'était pas rassurée en voiture, surtout par ce temps. Je posais ma main sur la sienne, tentant de la calmer un peu.
Ce fut la dernière chose dont je me rappelais. Ah non...Pas tout à fait. Il y a eu d'autres lumières, un bruit de tôle froissée, et un cri. Oui, Un cri sinistre, un cri de désespoir et de peur. Un cri que je n'oublierais jamais. Un cri qui vous ronge les tripes et vous empêche de dormir. Son cri. Puis plus rien. Le noir. Le vide. Le néant. Était-ce ça la mort ? Juste ça ? J'ai froid, terriblement froid. J'entend encore mon coeur battre. Faiblement. Mais battre. Je suis en vie...Mais à quel prix ? Je ne sens pour l'instant plus mon corps. Mes yeux sont clos, ma respiration latente. Non, en faite je ne vis pas, je survis. Tout mon être se bat pour se maintenir. Je n'ai pas peur. Mon esprit lui à envie de partir. Dois-je l'écouter ? réfléchir pour moi devient impossible. Je les laisse faire. Choisir. Décider. Je ne suis plus le maître de moi-même. Je sens quelque chose de chaud, qu'est-ce ? Cela glisse sur ma joue puis s’immisce dans mon cou. Du sang ? Je crois que mon corps à vaincu mon esprit. Je commence à avoir mal, vraiment mal. Partout. Ma tête est sur le point d'exploser. Je hurle. Inconsciemment. Je hurle de douleur. Oui j'ai mal. Je regrette d'être encore en vie. Ma tête tourne. J'ouvre un oeil, tout vacille, tout est flou.
Les minutes passent, la douleur persiste mais je commence à reprendre le contrôle de moi même. Doucement. Doucement je vois la scène. Un camion en face, le par-brise en mille morceau. Des morceaux de verres étaient incrustés dans mes bras en sang. Aurais-je eu le réflexe de me protéger le visage ? Je passais un doigt tremblant sur celui-ci. Il y avait aussi du sang. Dommage. Je me touchais le haut de la tête et réprimais une grimace. Il venait de là. Reprenant lentement mes esprits, j'enlevais ma ceinture et tentais de reprendre une respiration normale. Chaque bouffée d'air me transperçait les poumons. Je fermai les yeux, me passant les mains sur le visage. Que s'était-il passé ? J'entendis une légère mélodie qui se faisait une place entre mes bourdonnement. De la musique ? La radio ? La radio...L'ambiance, le silence, le je t'aime, la main...Oh mon dieu ! Mes yeux s'ouvrirent brusquement et je fis un geste trop rapide en avant, ce qui me fis pousser un nouveau hurlement de douleur. Je tournai légèrement la tête vers ma bien-aimée. Et là, ce fut le drame.
Son corps était là, inerte, taché de sang. Des larmes silencieuses coulèrent sur ma joue. Choqué. Pas un seul mot. Pas une seule complainte. Rien ne sortit. Et pourtant, j'aurai voulu crier, hurler, montrer au monde entier ma peine et ma colère. Oui, ma colère et ma haine ! La haine de cette injustice ! La haine de ce monde ! La haine de ce démon qui s'acharne à faire de nos vies, un véritable supplice. Pourquoi elle ? NON ! Elle ne méritait pas de mourir ! Je l'aimais...Je l'aime ! Pourquoi ne pas avoir pris ma vie ? Je me jetai sur son corps, dans un élan d'espoir. Je la pris délicatement entre mes bras, la berçant, lui demandant de se réveiller. Lui disant que tout était finis. Qu'elle pouvait ouvrir les yeux. Que nous allions pouvoir passer à autre chose. Rien. Aucune réaction. Je posai mon oreille sur sa poitrine, essayant de détecter le moindre signe de vie. Encore une fois, rien. Je ne sentais plus ma douleur physique. Seule la douleur de sa mort me parcourait. Les larmes envahir de nouveaux mes yeux. Je poussais cette fois-ci un hurlement de rage, celui que je n'arrivais pas extériorisé tout à l'heure. Pourquoi hurler ? Cette question restera un mystère. Peut-être pour se soulager d'un poids, le temps d'encaisser le plus gros...Je ne sais pas, et je n'ai pas envie de savoir.
Je gardais contre moi son corps, pleurant et maudissant Dieu de m'avoir lâchement abandonné après tant d'années de prière. Je ne pouvais pas concevoir ça mort, pas pour le moment. J'étais encore persuader qu'il y avait une chance, un espoir ! Une attente vaine et naïve...Et qui pourtant arrivait à tout le monde. Tout redevint noir, aurai-je encore une fois perdu connaissance ? Surement...Profitons alors de ces quelques instants de paix, pour laisser mon âme se reposer un moment et mes peines s'envoler un laps de temps
...
Les yeux baissés, le regard vide. Je m'arrêtais à sa hauteur et levait la tête. Son nom, gravé à tout jamais dans la pierre et dans mon coeur. Son image, quant à elle, restera dans mon esprit. Je lui montrais un visage fier, humble. Mais on pouvait lire dans mes yeux, de la peine et du chagrin. Un peu de désespoir. Mais surtout, beaucoup de colère. Pas contre elle, mais contre moi, contre le monde, contre dieu. Je pouvais encore sentir son parfum, entendre son rire et voir son sourire. Cela durera-t-il longtemps ? Ou peu à peu, j'oublierais chacun de ces détails ? Je fermai les yeux un instant, communiant avec elle. Cela dura plus longtemps que je ne l'aurais pensé. La nuit était déjà tombée et le froid commençait à être mordant. Je déposai une fleur, une rose blanche. Sa préférée. Puis partant, je regardais une dernière fois la pierre où était inscrit en lettre d'or : Ici repose Natasha Eristov....
Et oui, je suis en vie...Mais vous voyez maintenant à quel prix...
(c) Spinelsuns